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Lé Renvoisons ( les Rogations patoisées)

Publié le par François & Marie


    
Y è la Fét' dè Crouais.
    Trouais je d'avan l'Asanhon, l' curaï mone èn' troup' dan lè chams, fér' dè Sancta tout lè Sins ape dè Ora pro nobis ape tout c'que s'ân suit... Y è pou qu' le bié jarme, qu'lè poumes et tarre peurrissint point, qu'le treuqui sè sin l' chèrbon, qu'lè cèdions sin point pieu grinds qu'le souaile, ape tout c'que s'ân suit... Pou qui veille l'coup, an piante dè crouais b'nites, in coudré veu chèque souèture. Si d'aveu tout çen y vâ à vau-l'eau, y'è bin qu't'âs la guigne!
         Arote2 C'que faudro point u-bier, y'è lè rates. Y'è èn'ingeance, c'tè ptiotes fregalouses ! Quan, l'curaï piaune : Seigneu-re, protègeu-nô dè rates, u-bi-e point de dire Amen, ape, pou fér'bon pouais, te dis pou touais d'ta seul : ape dè arotes atou...( an lè u-bi-e touj' lè arotes, poutchant, ill san ben fregalouses atou, c'tè arotes...). Ape, dis ben Amen. Y'èro p'tétr'encor' mi-e, si t' dio in Te rogamus audi nos, t'en risque ren !

 

référence & traduction 




Publié dans Histoire en Patois

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Réclame

Publié le par François & Marie

Beurre

Publié dans Bande Dessinée

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Les Rogations

Publié le par François & Marie

 

 Dans la plaine, un nuage de poussière. Non, ce n'est pas un nouveau caprice du volcan EYJAFJALLAJÖKULL !   

     Un village franc-comtois, printemps des années cinquante (toujours après JC). 

     A travers champs, dans les ornières d'un chemin poussièreux, ondule une longue procession humaine. On capte des chevrotements de cantiques, des psalmodies de litanies des Saints, des Ora pro nobis, des Parce nobis Domine, des Te rogamus audi nos. Par ces supplications, les Rogations, les paysans quémandent la fructification de la terre cultivée et sa protection.  

     Roga2.jpgLes enfants de chœur marchent en tête. Coupe au bol récente, surplités de dentelles blanches, juponnés d'écarlate, cramponnés, l'un  à la croix, le second au seau d'argent et son goupillon eau-bénité et le troisième, thuriféraire d'un jour, tout fiérot dans son nuage d'encens.

     Curé2Le curé vient ensuite en vêture d'enfant de chœur taille XXL, soutané et barretté de laine noire quadri-cornue, missel noir en mains, il latinise. Derrière lui, tanguent les bannières brandies haut par les journaliers, humbles et pauvres travailleurs mis à l'honneur en cette procession des Rogations. (Belle journée pour eux qui ne possédent pas de terres et s'éreintent au service des paysans-propriétaires. Ils ont reçu de  leurs employeurs une belle provision de lard salé, qui va améliorer leurs  maigres soupes  et  le jeudi de l'Ascension, ils seront, suprême honneur, invités à leur table.)

      Suivent de très près les adoratrices de poussière soulevée par les talons du curé, (attention ma fille, un seul Dieu tu honoreras... ). En tête, celles prêtes à affirmer leur très grande dévotion (attention mes filles, péché d'orgueil), et celles qui briguent la place d'honneur ( vu l' avancée de leur âge, et par là même de leur acariâtreté ) ! A coups de coudes, elles luttent pour y accéder, pousse-toi, l'Alphonsine, t'es venue qu'aux prunes alors que moi j'étais exacte aux Pâques fleuries, ouste! Elles sont traditionnellement raides, sèches, noirendimanchées des souliers au fichu et cramponnées à leur chapelet.Beurre.jpg

    Arrive ensuite le reste de la section féminine, celles qui ne recherchent pas les honneurs, qui suivent docilement, qui sont là parce que leurs belles-mères y sont, ou pour y surveiller leurs filles ou parce que tout le monde y va, ou pour faire un peu la causette Libéranos domine, t'as des nouvelles de l'Alberte ? Ora pro nobis, t'sais-tu si son" infractus" va mieux ? Amen.

     Les hommes, maîtres des champs, avec un retard conséquent ferment la marche. Une trentaine de paysans, plus habitués à fouler ce chemin de terre en sabots plutôt qu'en souliers du dimanche. Ils ont presque tous "tombé la veste" et mis leur béret en poche, on voit d'eux des chemises blanches qui se dandinent. Ils suivent, en plantant au bout de chacun de leurs champs, de courtes croix bénies en noisetier écorcé. Les gros possédants en ont encore les mains encombrées, alors que les autres se retrouvent les mains croisées dans le dos (et non dans les poches, ce serait mal vu en processionnant ...) en attitude de "j'ai marié mes filles" !

      Là aussi, les Ora te pro nobis dérapent,  paraîtrait qu' l'Auguste hésite entre un Mc Cormick et un John Deere, faut dire qu'il serait le premier à avoir un tracteur... murmurent-ils un peu envieux, et comme de loin le curé supplie : Seigneur délivrez-nous des rates, ils ajoutent Amen, et, pour faire "bon poids" et puis qu'Il nous délivre des courtilières aussi !

Publié dans Souvenirs

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Pain d'ménège

Publié le par François & Marie


  Trouais livres, ch'u t'y point èn' balle miche, point in raiquion d' maie ! 
  Aveu ma balle crote, an dirô èn' étiureu, ape ma mia sint ben bon l'bon pain.
  J'ai été queute au fô d'la chambre d' fô. Y'è pou çan qu' an m'appalle pain d'ménège. 
  Le René a fait l' pèn'tier ( si t'sais point tout fére par chu nô, t'èras bin du mau...). E m'a preti dans la maie d' l'huteau, veu quètre heures c' mètin, y fiot encor'nai. El avô roulé sè minches de ch'mise ape, va z'y que j'te preti ape que j'te preti. El avô all'mer l'fô, dan la chambre d'fô, aveu dè rins. J'avô l'vé dans ène vanotte . Quand l'fô a été tout bi-an tellement qu'el ètô ruge d'chaud, el a enforné. An èto ben neu ou di, ène fornia pou in mouais.Jam
   Si vô crêtes  que l' René est r'parti s'cuchi, y'è qu'vôs seutes point d'par chu nô, el a bu son jus ape el est parti tiri sè vèches...
   Dans l' fô an cuisôt, an gonfiôt, an s'rappruchôt pou s'touchi du coude. Quan è nô dèfornera, le René va nô sèparer aveu son vieu cutiô, l'Eustache qu'el a touj' din sa pouche. Y f'ra duè bèsiaux. Lè ptchiots è z'aimant prou ça, v'ni grapilli dans l'bèsiau pou avouaire la mia toute chaudote !
   Dites -me vouaire, vô qu' èch'tez renque dè "baguettes", des "ficelles", toutes bi-inches - une demi-baguette, s'il vous plaît madame la boulangère
( tiens, un bien élevé...) surtout pas cuit, , oh non pas celle là, elle est bien trop cuite, vous n'avez pas plus blanc?( il croit que le pain est fait avec de l'Omo...)  pis d'abord à la maison on aime pas le pain cuit, on aime pas trop le pain faut dire, ça fait grossir, et pis on met les croûtons à la poubelle, c'est pas bon, c'est dur ces trucs (ouais, c'est pas des chamallows.) et pis on le jette s'il est de la veille, nan on le fait pas griller, ça croque trop, on aime pas quand ça croque, ça fait mal aux dents ( inventons vite le pain pré-mâché, en compote...)  Je m'emporte... Où en étions-nous? Ah oui, repatoisons: In de c'tes je, offri-vô ène boune miche d' pain d'ménège, vos m'en direz dè nouvalles...

Publié dans Souvenirs

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Enigme dévoilée

Publié le par François & Marie

PAIN DE MENAGE-

   Pétrie dès l'aube, dans une maie, cuite au four familial, je suis la miche, pain de ménage.
   Ma croûte craquante est couleur-écureuil. Ma mie est bise, arômatique et aérienne. Humm, je sens le bon pain!
   C'est le chef de famille et son Eustache- couteau- rustique, qui procéde à mon entame. Il trace largement ou furtivement, une croix sur mon fondement. Par ce signe, il remercie et honore tout à la fois, le semeur, le faucheur, le meunier, le panetier et ...le Créateur.

miche.jpg
   Si je tombe entre les mains d'un mécréant, la technique différe: il fait vaguement zigzaguer la pointe de l' Eustache en prenant grand soin que ce tortillon n'ait SURTOUT PAS de ressemblance, de près ou de loin avec une croix !
   Pendant une semaine au moins ( en fonction des tablées ), l' Eustache est en service commandé et me partage. Il perce mon flanc, me divise en tranches larges comme une main. Et pas question de me gaspiller, on termine son croûton ! On peut aussi subtiliser celui de son voisin de table, un dicton l'absout "  Pain sur table n'a pas de maître ."
   Dans le four, le panetier m'a déposée aux côtés de mes soeurs miches ( rien à voir avec les soeurs March ) en beaux ronds pâtons (et ron et ron petit patapon ). Tsss, on se dissipe ! Afin de nous sentir moins seules et pour papoter levure et farine, nous nous sommes un peu étalées, jusqu'à nous toucher du coude. Au moment de défourner, le panetier nous a trouvées soudées en grains de chapelet, il a demandé l'aide de l' Eustache et nous a séparées avec précaution. J'en garde deux empreintes peu cuites, joliment nommées "baisers"  que les petits gourmands de la maisonnée vont venir, en cachette, creuser de leurs petits doigts pour se régaler de mie chaude. 
    Un détail, j'ai ma dignité de miche et prendrais comme un affront qu'on me mette à l'envers. C'est le pain du bourreau qui est traité de la sorte, vous voilà avertis !
    En revanche, ce que j'acceptais avec plaisir, c'était d'être débitée en gros morceau joufflu que le boulanger ajoutait  par -dessus le pain acheté, pour " faire bon poids " et qui était dévoré aussitôt par le coursier !
     Il m' est arrivé de me trouver, en menues bouchées, encorbeillée de dentelle. On m'y cueillait délicatement, mains gantées, on se signait et on me dégustait religieusement... logique, j'étais alors pain bénit.( très archaïque avec mon "t" final, mais j'y tiens c'est une coquetterie...)
      A présent que vous me connaissez mieux, n'ayez plus peur lorsque du pain en miche vous sera proposé...

 

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Enigme: un indice.

Publié le par François & Marie

alimentaire

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Enigme

Publié le par François & Marie



Sous sa carapace, mon coeur est tendre.
Sur mon fondement, à peine visible, le carrefour de deux infimes cicatrices.
Je connais le responsable des marques de ce passage obligé, mais...on ne dénonce pas un associé.
Pourtant je le sais il va récidiver, à heures fixes, pendant une semaine, il s'attaquera à mon flanc.
Il partagera mes deux baisers, y survivra... alors que, victime consentante, je disparaîtrai...

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Le mois de Marie

Publié le par François & Marie

Mois de mai, mois de Marie

   Jusqu'à la St Philippe, on embrasse.
   Après, les lèvres sont en dormance,
   Pas d'alliances,
   Pas d'accordailles,
   Pas d'épousailles.

 
Pou St Philip' y'è tout, t'èrrète d'embraichi,
 Point d'mèriège pou l' mouè d' Marie (à moins qui cè au ptiot sacrement* là j'dis trop ran, quouai-que...).St-Valentin.jpg


    *Mariage au petit sacrement : pas de sacrement du tout !  
     Appellation moins triviale que " vivre à la colle", elle désignait les couples de mécréants ou ceux dont la femme avait déjà des enfants, ou encore lorsqu'il y avait une grande différence d'âge entre les époux. Dans ce dernier cas, ils avaient droit à un charivari ( manifestation publique  bruyamment cacophonique les ridiculisant : on tapait sur des casseroles ou sur tous éléments susceptibles de produire des sons discordants, disharmonieux...) 

Publié dans Dictons

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