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Médés

Publié le par François & Marie

 

Défi n° 53 proposé par M'Annette pour la communauté " Les croqueurs de mots."
-Voici une minuscule collection de dés rangés, tout petits et discrets sur le bord de mon vaisselier.
Après les fêtes, ménage, et là, plus de dés.
Grand mystère à Montussan! L'enquête est ouverte.


Mééédéééé...

Un cri, un seul. 
Une exclamation d'incompréhension, de stupéfaction, de colère chagrine...
Dans le salon, tout se fige.
Bleu de peur, le canapé se ratatine derrière ses coussins qui rougissent de le voir si pleutre.
poticheLes fleurs du vase se dressent au garde- à -vous, ce qui est incongru pour des grappes de glycine habituellement mollement cascadantes.
Le lampadaire stupéfait essaie de clignoter, mais comme il n'est pas allumé, c'est raté!
Les pieds du fauteuil Louis XVI apeurés, se tordent en Louis XV. (Bonne idée pour changer illico votre style de déco.)
- Mes dés ont disparu...balbutie M'Annette, statufiée, incrédule, fascinée par le vide laissé sur l'étagère.
Les éléments environnants comprennent enfin de quoi il s'agit et se détendent peu à peu (hormis Louis XV, coincé à jamais.) tout en mesurant l'ampleur du sinistre.
- Elle était si fière de son grade de digitabuphile-débutante soupire le porte-revues.
- Elle en avait neuf, quelle perte! Se risquent à murmurer les coussins.
- Elle avait aligné ses dés à coudre sur mon bois massif, grince l'étagère en chêne. Elle ne voyait plus qu'eux, les chouchoutait, leur roucoulait des mamours, les trouvait mignons, précieux. Jamais elle n'aurait eu l'idée de me faire ce genre de compliments alors que j'avais l'immense responsabilité de leur équilibre. Quelle ingratitude.
- Elle venait les visiter chaque jour, explique le vase aux glycines qui retiennent leur parfum. Elle les comptait, de gauche à droite puis de droite à gauche, rien que pour le plaisir. Fallait-il qu'elle les aime...
- Moi, leur voisin du dessus, bougonne le dodu pichet fleuri, je suis devenu transparent dès qu'elle les a alignés à mes pieds. Quand elle "faisait la poussière" je n'avais droit qu'à un distrait coup de plumeau, sans un vrai regard, tandis qu'elle prenait un à un les verres liliputiens, les essuyait dans du métis, les mirait, les admirait. Pfff... M'Annette préférait ces miniatures à mes formes rebondies...
- Ah mes gredins! Nous y voilà ! gronde le compotier vert olive du deuxième étage, par jalousie, vous avez fait disparaître les petites céramiques digitales, me trompe-je? Mummm?
L'étagère et son complice pot à eau n'en mènent pas large, les voilà découverts! Et si le compotier en colère allait les dénoncer à M'Annette, ils finiraient en décharge publique, quelle honte pour eux!
- Je perds patience, tonne le plat vert-courroux, avouez!
- Ben, c'est à dire que...articule péniblement la potiche replète, chaque soir M'Annette les saluait gentiment - Bonne nuit mes dés! ( seuls les médés étaient salués, jamais un - Bonsoir joli pichet! ...Jamais!). Puis dans le noir les médés chuchotaient, j'écoutais leurs papotages. Ils se plaignaient de leur alignement imposé qui ne correspondait pas à leurs affinités. Ainsi, médé-Paris regrettait d'être éloigné de médé Arc-de Triomphe, les deux médés-fleuris auraient aimé générer un joli bouquet. Le médé-berger reluquait le médé-edelweiss, tandis que médé-caille envisageait une liaison culinaire bénie par médé-plat-offert. Un jour, j'ai vendu la mèche de ces espoirs de concubinages à ma voisine la tablette de chêne.
- J'avoue opine planchette d'étagère. A partir de là, nous avons envisagé un stratagème pour réunir les médés et pour faire une farce à notre M'Annette qui...à notre goût, nous négligeait un peu. Ce que vous ignorez, c'est que j'ai été vingt ans planche- trampoline à la piscine municipale, puis on m'a admise à la retraite. D'aucuns me proposaient une reconversion en barreaux de chaises, j'ai opté pour une vie tranquille, en climat tempéré: étagère de salon chez M'Annette, et je ne le regrette pas! Il m'arrive de me donner un peu d'exercice pour ne pas m'empâter. Il m'a donc été facile, d'un simple hoquet, de faire sauter les petits dés dans le ventre de gros pichet, où ils sont heureux comme larrons en foire!
- Tu vas hoqueter dans le sens-retour, gloussa le conciliateur. Demain M'Annette retrouvera avec soulagement ses médés alignés...à leur convenance!
                             Aussitôt dit, aussitôt fait!

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Défi n° 52 "Terres de légendes et de mystères" proposé par Hauteclair pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

DEFI n° 52-  TERRES DE LEGENDES ET DE MYSTERES-

 

Proposé par Hauteclair, pour la Communauté "Les Croqueurs de mots".

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                    LA LEGENDE DE L'ALPHABET.

 

Depuis la nuit des temps, en Terre de Graphie, les lettres de l'alphabet cohabitaient alignées, avec sérénité.

                   a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

Pourtant, un matin d'orage, le "a" s'éveilla agacé, il avait fait un mauvais rêve où la ponctuation se rebellait. Or "a" l'ordre aimait.

 lettresbisDe plus, le  "c", bec béant avait ronflé toute la nuit comme un sonneur, le "f" allergique, avait éternué, le "m" marmonné et le "z" zézayé de l'incompréhensible. 

Etre tête de colonne devenait pesant à "a". Qui est le premier exposé aux courants d'air? Qui est sans cesse, et  inutilement, sollicité, donc usé ? Le "a"! En doutez-vous? Prêtez l'oreille. Un quidam est en interrogation encyclopédique. Il  recherche, au hasard... "recherche". Croyez-vous qu'il écourterait en  - mnopqr? Que nenni, il y va de: abcdefghijklmnopqr...alors que stuvwxyz continuent leur sieste, les veinards. 

"a"décida de vivre solo, se couronna Roi de l'Abécédaire et entreprit aussitôt de mettre de l'ordre dans le Royaume de Graphie.

- Toutes ces lettres si dissemblables à la queue leu-leu, c'est l'anarchie!  Voyez donc, deux rebondies, une ouverte, une dodue, une bossue, c'est la cohue! Régentons! Regroupons les bedons rebondis "dbqpog", puis les effilés "fjitl", ensuite les tourmentés "kywvrxz", chaperonnés par les ponteux "hmnu". Attachons-leur ces faux-jumeaux fâchés qui se tournent le dos "ec". Quant au "s" serpentin, laissons-lui la liberté, il sera mon espion. Récapitulons : dbqpogfjitlkywvrxzhmnuec's, voilà qui est plus seyant!

Content, il s'endormit enfin seul, dans sa suite royale, mains sur bedon et en paix ronfla. 

Au matin, "d" réalisant qu'il était en tête se déclara roi à son tour, "f", "k", "h" et "e", en chefs de groupes en firent autant... 

"s" y perdait son Latin et ne savait plus auprès de qui cafter, il déprima. 

Ce fût une confusion chaotique, un pugilat bagarreur! C'est dire!

Une petite cédille, venue en tressautant de sa campagne (les cédilles tressautantes, les bleues, ne sortent qu'aux nuits claires de printemps. Comme les grenouilles, qui elles sont vertes) inquiète de ne pas avoir de nouvelles, ni par sms, ni par signaux de fumée de son ami "c", découvrit l'ampleur du désordre.

Elle s'affola d'abord (normal, on a beau être cédille, on en est pas moins fille), se calma ensuite et très vite, réagit (normal, voir plus haut). Elle rameuta ses amis les accents, les aigus, les graves, les circonflexes et aussi les trémas, les points et les guillemets et même les apostrophes. Elle les savait riches en réserves anesthésiantes piochées dans moult écrits soporifiques. Ils attaquèrent, encerclèrent et enroupillèrent les mutins entre deux rigides parenthèses.

Les syllabaires s'éveillèrent un peu ahuris d'avoir aussi bien dormi, surpris de côtoyer à nouveau leurs voisins phonèmes-familiers.

La petite cédille, devenue Majesté de Graphie, cérémonieusement leur ôta les parenthèses et les sermonna (normal, c'était un dimanche.)

Elle leur fit promettre de savoir se tenir en Encyclopédie, mais leur permit une récréation, ils pourraient  s'égayer sur les claviers en azertyuiopqsdfghjklmwxcvbn (tiens, cette ligne est toute facile à pianoter!).

Elle leur prouva qu'ils pouvaient cohabiter, tous, en un pangramme (qu'elle venait de recopier) "Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume".

 C'est ainsi que Terre de Graphie devint Terre de Légende, et fit sienne cette devise "Cédille abolit la bisbille"! (Les formules "Marie-rose la mort parfumée des poux" et "Omo lave plus blanc que blanc" étant déjà utilisées, il m'a bien fallu en trouver une autre.)

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